C’est en 1861 que le Mexique s’était dégagé, comme tant d’autres états d’Amérique, de la tutelle séculaire espagnole. Ayant acquis son indépendance, le pays n’avait cependant jamais connu la stabilité. En quarante ans, on ne dénombrait pas moins de deux cent quarante soulèvements, coups d’état, révolutions, guerres civiles et pronunciamentos.
Le 11 janvier 1861, après une lutte de trois ans qui l’avait opposé au président conservateur Miramon, le libéral Bénito Juarez s’emparait de Mexico. Très vite la politique anticléricale de ce dernier allait mécontenter les résidents européens établis dans le pays. Ceux-ci émirent bientôt de nombreuses plaintes résultant des multiples exactions auxquelles ils étaient soumis sous ce nouveau régime. Une autre affaire, purement financière, allait surgir à ce moment. Au cours de la guerre civile, la banque franco-suisse, établie à Mexico, avait prêté jusqu’à concurrence de 75 millions de francs au gouvernement de Miramon. La plupart des bons représentatifs de cet emprunt avaient été placés en France, dans une moindre mesure en Grande-Bretagne et en Espagne.
Devenu président du Mexique, Juarez, incapable de redresser une situation financière catastrophique, décida de ne plus reconnaître les dettes extérieures de son pays. Suite à la convention de Londres, tenue le 31 octobre 1861, la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne, pays créanciers du Mexique, décidèrent l’envoi d’un corps expéditionnaire. L’empereur Napoléon III voyait dans le prétexte financier de l’intervention, et celui plus populaire, de la protection des résidents français, l’occasion d’établir au Mexique une monarchie catholique qui se dresserait face aux Etats-Unis protestants. Les circonstances étaient particulièrement favorables dans la mesure ou l’Union, qui soutenait Juarez, était paralysée par la guerre de Sécession.
L’impératrice Eugénie elle-même, soutenant les conservateurs mexicains réfugiés à Paris, allait s’entêter à convaincre son mari de s’engager dans cette entreprise hasardeuse. Les alliés entre-temps, étaient arrivés à Vera-Cruz à la fin de l’année 1861.
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